Table
d'échanges d'expertises et d'expériences pédagogiques
en formation à distance:
6 décembre 2001
Thème : « Le développement de compétences
pour l'apprentissage à distance : quelles sont les conditions
de réussite? »
Les intervenants ayant participé à cette audioconférence
étaient :
- Charline Vautour (Alphabétisation NB; Nouveau-Brunswick)
- Michel Gignac (Consultant en formation et en apprentissage)
- Mario Poirier (Télé-université; Québec)
- Gildard Haché (CCNB Bathurst; Nouveau-Brunswick)
S'est également jointe à titre d'observatrice :
- Angèle Clavet (TéléÉducation NB
et le Réseau d'Éducation à Distance du Nouveau-Brunswick;
Nouveau-Brunswick)
Rappel : Le texte qui suit fait état de réflexions
et de pistes de solutions qui proviennent d'un débat où
étaient invités des intervenants du milieu. Il s'agit
d'un compte-rendu d'échanges dans le cadre d'une audioconférence
proposée par le REFAD.
L'étudiant, quel étudiant?
Nous souhaitons, dans ce débat, nous intéresser
tout d'abord aux compétences requises par les étudiants
qui doivent faire des apprentissages à distance. Ce qui
frappe au départ, dans cette question de compétences
requises pour apprendre à distance, c'est qu'on définit
peut-être trop largement la question. Il serait prudent
de se questionner sur l'à-propos de mettre tous les étudiants
dans le même panier. Peut-on vraiment considérer
les étudiants dans leur ensemble ou ne devrions-nous pas
distinguer des types variés d'étudiants? Ne devrions-nous
pas partir d'une sorte de typologie d'étudiants qui s'intéressent
à la distance et aller plus loin?
L'enjeu serait enfin de mieux comprendre les compétences
requises par chacun des groupes. Deux exemples pourraient étayer
cette préoccupation. Le premier exemple se rattache à
la définition même de la distance « que veut
l'étudiant en formation à distance»? À
quoi s'attend-t-il au juste dans son rapport au tuteur ou aux
personnes qui sont autour de lui. Une enquête a démontré
que certains étudiants voulaient vraiment être soutenus
par les tuteurs ou par d'autres personnes. C'est ce qu'on appelle
en anglais le « connected learning ». Par ailleurs,
d'autres étudiants à qui on demandait s'ils souhaitaient
avoir plus de contacts, plus d'encadrement répondaient
« Non, surtout pas ». Au fond, ce que ces derniers aimaient,
c'était une forme d'autonomie, de tranquillité.
Certains peuvent donc faire le choix de la formation à
distance pour avoir une forme de liberté et ainsi ne surtout
pas se retrouver en interaction avec d'autres personnes. L'autre
facteur qui pourrait aussi être regardé de plus près,
c'est le style cognitif qui peut être fort différent
d'un étudiant à l'autre. On parle ici de leur façon
d'apprendre et de ce qu'ils vont aller rechercher dans l'enseignement.
Sous cet éclairage, les compétences que l'étudiant
va chercher pour faciliter sa démarche vont varier grandement
d'une personne à l'autre. Ce qu'il faudrait retenir ici,
c'est que les étudiants ont très certainement des
profils plus variés ou plus divers qu'on le pense à
priori.
Des compétences à considérer tout simplement
À partir de la définition qu'on donne habituellement
de la compétence, qui est l'ensemble des connaissances,
des habiletés et des comportements nécessaires pour
occuper une fonction de travail ou effectuer une tâche,
nous revenons un peu à nos savoirs, savoir-faire et savoir-être
qu'on utilise depuis toujours. Malgré qu'on veuille parfois
en faire quelque chose de très complexe, ce n'est pas si
complexe que ça à la limite.
Que l'on soit à distance ou dans un contexte d'apprentissage
plus traditionnel, il faut se poser la question « Quelles
sont les compétences requises pour être un bon étudiant,
un bon apprenant »? En se posant la question sur ce que sont
les « e-competencies », qui sont les compétences
à maîtriser dans un environnement de travail médiatisé,
il peut être intéressant de commencer à préciser,
sur cette base, ce que sont les compétences requises dans
un contexte d'apprentissage à distance. Par exemple, la
compétence de travail en équipe pourrait devenir
simplement une compétence à travailler au sein d'équipes
virtuelles d'apprentissage.
On voit que l'utilisation de médias peut apporter une
autre dimension aux tâches ou aux habiletés que les
gens maîtrisent souvent déjà. Il peut être
aussi intéressant de faire une réflexion, non pas
à partir de tout ce que les gens font, mais plutôt
en regardant ce qu'on reconnaît habituellement comme compétences
à maîtriser en milieu professionnel. On n'a qu'à
s'inspirer de vrais environnements de travail. Il suffit de faire
une projection dans un environnement disons « électronique
». Cela peut même mener à se questionner sur
les modes de formation à distance à privilégier
dans certains contextes. Cela aidera à faire des choix
pour aller soit vers des classes virtuelles en mode synchrone,
ou vers d'autres façons de faire, en mode asynchrone.
La distance dans le temps et l'espace, entre l'apprenant et son
formateur, peut appeler des compétences qui ne seront pas
nécessairement les mêmes que les compétences
requises dans un contexte où il y a distance dans l'espace,
mais pas dans le temps. Avec des applications comme WebEx ou Symposium,
la formation à distance peut se faire en temps réel.
D'ailleurs, de plus en plus, le formateur est présent lors
de la formation et ce même si les gens ne sont pas dans
le même lieu physique.
Des compétences multiples
À partir de différentes matrices de compétences
déjà produites, il est facile de reconnaître
l'apport réel de la formation à distance pour articuler
des responsabilités d'auto-développement, responsabilités
qui, dans un contexte d'apprentissage à vie, retombent
maintenant beaucoup plus directement dans les mains de l'apprenant.
Il y a là une responsabilisation nouvelle. Au niveau des
compétences interpersonnelles, on constate qu'il est de
plus en plus nécessaire et de plus en plus fréquent
de travailler et d'apprendre dans des équipes virtuelles.
Pour ce qui est des compétences en communication, il devient
aussi important de discriminer entre les informations pertinentes
et les informations secondaires. À partir du moment où
l'on reçoit une grande quantité d'informations,
par le biais des réseaux, par le biais d'échanges
par courriel, comme c'est le cas dans certains groupes de discussion
ou dans le cadre de sessions de clavardage, il faut apprendre
à faire la différence entre ce qui est utile et
ce qui ne l'est pas.
Il y a aussi, dans le cas du tuteur, la capacité de diriger
des réunions à distance. Il faut reconnaître
qu'animer, que mettre de l'âme dans une réunion,
ça demande des habiletés particulières. Il
faut relever le défi de créer des environnements
favorables à la communication en utilisant la technologie.
Ce n'est pas toujours évident de se retrouver dans un environnement
de communications virtuelles. À cet effet, on sous-estime
souvent l'importance de l'utilisation du clavier. Cela peut rapidement
devenir une barrière à l'utilisation efficiente
et efficace d'environnements virtuels. Dans le prolongement de
ceci, on note que dans plusieurs milieux de travail, différents
outils informatiques sont mis à profit pour établir
des profils de compétences. Les chemins empruntés
pour combler l'écart entre la compétence actuelle
et la compétence souhaitée invite à avoir
de plus en plus recours à des formes de formation à
distance, par opposition aux méthodes traditionnelles de
formation. Il y a de plus en plus d'espace à l'apprentissage
décloisonné et contextualisé, ce qui éloigne
bien souvent le recours aux moyens et aux environnements traditionnels
de formation.
Des compétences globales
Il peut être légitime d'avoir certaines réserves
par rapport aux compétences spécifiques en formation
à distance. Souvent la distance est associée à
la technologie, puisqu'on s'en sert abondamment. La technologie
change, et les techno-compétences associées sont,
par définition, volatiles. L'importance de maîtriser
aujourd'hui le clavier sera désuète le jour où
il y aura de la reconnaissance vocale. Il serait alors intéressant
de considérer surtout les compétences dites globales
de l'étudiant. En terme de compétence, il faut que
l'étudiant soit capable de filtrer le flot d'informations
transportées par les technologies. Il s'agit donc de compétences
qui sont plus de l'ordre heuristique que de compétences
spécifiques, plus techniques. On pourrait aussi, dans cet
ordre de pensée, considérer les compétences
reliées aux méthodes de travail. Il y a en formation
à distance des manières de travailler, des manières
de faire des suivis par rapport à la documentation apportée.
En fait, c'est de se demander comment mettre en place des processus
pour débuter un cours correctement et le compléter.
Dans les compétences qu'on pourrait qualifier de globales,
il faudrait probablement souligner aussi l'importance de se connaître
comme apprenant, identifier son style d'apprentissage.
On pourrait catégoriser trois genres de compétences
:
Une réflexion
Dans le champ de la psychologie, différentes études
ont démontrées que ce qu'on entend par compétences,
qu'elles soient transversales ou pas, sous-entend un modèle
assez unique de l'étudiant qui est derrière, un
modèle de personne. Or, en formation, nous sommes devant
les compétences de personnes issues de plusieurs secteurs
différents. Les compétences peuvent varier et le
rapport des personnes aux compétences peut donc aussi varier.
On pourrait en arriver à une liste de compétences,
séduisante en surface qui permettre de gérer de
façon assez autonome ses apprentissages, pour avoir une
certaine facilité avec les technologies, pour se responsabiliser
de façon plus « adéquate »
On pourrait
certes arriver à développer une série de
compétences, mais cela risquerait de générer
une sorte de modèle général d'individus qui
ne laisse pas suffisamment de place aux distinctions réelles
entre ceux-ci. Cette réflexion mérite, croit-on,
qu'on s'y attarde. Elle peut servir de point de départ
à plusieurs réflexions individuelles, nécessaires,
sur la question de l'unicité de l'apprenant
Des compétences en évolution
Il faut par ailleurs aussi reconnaître que les compétences
ne sont pas par définition statiques. Il y a là
quelque chose de dynamique et d'adaptatif. Une compétence
devra être développée aujourd'hui, en contexte,
pour répondre à un besoin bien identifié
et demain, elle pourrait ne plus être requise. C'est donc
dynamique dans le temps, et selon le type de formation à
distance dans lequel l'étudiant est inséré,
il y aura certaines compétences à développer
tandis que d'autres ne seront peut-être jamais nécessaires.
Dans un contexte où le support écrit est le principal
support à la communication pédagogique, l'étudiant
n'aura peut-être pas besoins de techno-compétences
pour être un étudiant « compétent »
à distance. Le contexte aura donc une influence directe.
Il est certain que les trois grands champs dont on a déjà
parlé, (méthodes d'études et de travail,
apprendre à se connaître comme apprenant et apprendre
à gérer son apprentissage) sont des compétences
de l'étudiant à distance, mais il faut aussi souligner
que ce sont des compétences propres à n'importe
quel étudiant, à distance ou pas. Si on veut se
préoccuper davantage de la formation à distance,
il faudrait peut-être réfléchir sur ce qui
est distinctif dans ce mode au niveau des compétences.
La grande question est de savoir s'il y a vraiment quelque chose
de distinctif.
Des compétences en environnements médiatisées
Les compétences qui sont liées aux canaux de communications
pourraient être plus facilement associées à
celles de l'émetteur qu'à celles du récepteur.
Il est possible de passer de la vidéoconférence
à l'infographie, à l'apprentissage sur le Web ou
au modèle classique d'apprentissage à distance en
gardant une certaine transparence dans les compétences
requises par l'étudiant. Par contre, pour le concepteur
ou l'équipe de conception, il y a un rôle important
à jouer pour minimiser le besoin de développement
de nouvelles compétences pour que l'apprenant puisse décoder
et s'approprier le message. Ceci étant dit, il faut aussi
que l'étudiant développe des compétences
de lecture, pour aller de l'avant. Ce type de compétence
est ainsi transportable à travers toutes les différentes
technologies.
Un pont entre le modèle de l'étudiant et la nécessité
des compétences
Dans l'animation de cours à distance, auprès de
différents groupes, on constate des préoccupations
diverses et des façons différentes d'aborder la
formation à distance. Des étudiants à distance
en droit, en journalisme, en informatique ou en technique seront
différents. De penser à tous ces groupes en fonction
de compétences globales pourrait mener à des situations
où la validation des compétences serait difficile
à établir. Pour des étudiants en sciences
humaines, une des compétences fondamentales c'est de trouver
dans ce mode de quoi faciliter le lien qu'on va avoir avec le
tuteur ou la personne ressource. Par contre, si on est étudiant
en informatique, peut-être que la nature de ce lien est
absolument secondaire. L'autre élément qu'on peut
aussi facilement négliger, c'est le rôle des aspects
plus affectifs dans l'enseignement. On parle beaucoup de compétences
cognitives, de compétences opérationnelles, mais
qu'en est-il des compétences plus affectives? Par exemple,
une certaine capacité à s'adapter au fait qu'on
n'aura pas le soutien ou la présence de quelqu'un devant
soi pour nous aider. Il faut peut-être se demander s'il
n'y a pas des compétences plus affectives qu'on oublie
Il s'agit peut-être ici d'éléments d'analyses
plus fines à prendre aussi en considération.
Trois façons d'aborder la FAD
Pour expliquer la formation à distance, il est aussi possible
de diviser le champ en trois catégories :
· En temps direct, synchrone
· En temps différé, asynchrone
· Autonome, seul
Ces avenues, assez larges, peuvent englober toutes les différentes
technologies porteuses. En synchrone, on peut parler d'audioconférence,
de vidéoconférence et de face-à-face. Sous
cet angle, on peut associer différentes compétences
qui sont applicables sans égard à la technologie
comme telle, mais dont le besoin serait plus directement dicté
par la chronicité. En mode asynchrone, comme avec les forums
de discussions par exemple, nous retrouverions d'autres compétences.
Peu importe la technologie qui pourrait surgir, il est sûr
qu'une de ces trois catégories serait impliquée.
Cette classification, reposant sur le temps permet d'aborder la
question des compétences sous un jour nouveau qui n'est
pas inintéressant.
Du côté des concepteurs
Il faut probablement pouvoir avoir une fort bonne représentation
de qui sont nos étudiants, quelle est notre clientèle
cible. Le danger c'est d'avoir une représentation assez
abstraite de ce que c'est qu'un étudiant, particulièrement
si ça fait 10 ou 20 ans qu'on fait principalement de la
formation à distance. Il faut se donner l'occasion d'aller
chercher de l'information spécifique sur les groupes d'étudiants
qu'on a. La représentation qu'on va se faire est un peu
basée sur nos convictions personnelles de ce qui est important
à apprendre dans un domaine. Or cela peut être bien
à côté de la réalité. Il n'y
a probablement pas assez de recherche de ce côté
là. Il faut connaître la provenance, la nature, le
style, les intérêts et les niveaux d'apprentissage
de nos étudiants. En face-à-face, il y a une rétroaction
immédiate. De plus, il peut y avoir un effet de groupe
ou un effet de salle. Les étudiants peuvent alors faire
connaître très directement leurs réactions
à un texte proposé par exemple. En formation à
distance, ce niveau de lecture est forcément très
différent, à tout le moins, il décale dans
le temps.
En entreprise, comme dans les environnements scolaires probablement,
une approche systémique permet de bâtir un cours
en prenant en compte tout ce qui doit être pris en compte.
On parle ici du design comme tel, d'analyse de contexte, d'analyse
de clientèle cible, etc.. Évidemment, en entreprise,
les clientèles sont probablement beaucoup plus homogènes
que dans un contexte institutionnel. Le besoin de connaître
son monde est quand même toujours là pour permettre
de cibler les bonnes approches et les bonnes façons de
faire. Il faut en fonction de ça, bien cibler les objectifs
d'apprentissages, bien choisir nos contenus et retenir les bonnes
stratégies d'enseignement. On peut d'ailleurs observer
que si un travail d'approche systémique est bien fait pour
un cours en présentiel, il devient presque toujours plus
facile de faire un changement de mode de formation. Le passage
en formation à distance est alors beaucoup plus naturel.
Si on a un cours d'une demi-journée qui est bien découpé
en périodes de présentations, d'études de
cas et de résolutions de problèmes, le passage à
la distance se fait bien. Dans le cas contraire, c'est toujours
moins facile. Le travail d'équipe en présentiel
ou en sous-groupes à distance, c'est très proche.
Pour le concepteur, il y a un gros travail d'analyse, souvent
un travail de dissection fine des contenus en unités autonomes
et une adaptation « pensée » en fonction du médium
retenu. C'est dans cette perspective que des compétences
spécifiques peuvent parfois être requises plus du
côté du concepteur que du côté de l'apprenant.
Évidemment, on parle ici d'environnements synchrones. En
mode asynchrone, il y a plus d'ajustements ou d'adaptations à
faire, mais cela est quand même toujours plus facile sur
les bases d'un matériel bien pensé dès le
point de départ. Dans un cours à distance, le concepteur
devrait avoir recours à différents canaux de communications
en essayant toujours de chercher l'efficacité du canal
par rapport au contenu lui-même. Cela implique une connaissance
des caractéristiques et de la syntaxe des différents
canaux de communications. On rejoint ici la dimension du travail
d'équipe qui, dans le cas du développement de formations
médiatisées, revêt une importance capitale.
L'enseignant qui travaille avec les technologies doit donc avoir
une connaissance du potentiel des technologies quand il fait son
design pédagogique, lorsqu'il crée des activités.
La richesse d'un cours va passer par les compétences du
concepteur en ce domaine. Il faut aussi penser en fonction de
l'étudiant qu'on ne verra jamais ou presque. Dans une salle
de classe, l'environnement permet d'éviter ou de corriger
les surprises et les imprévus. À distance, le concepteur
ou le professeur doit, au départ, penser autrement. L'apprenant
va être dans un autre environnement, hors de la portée
directe de l'enseignant. Il faut proposer des activités
qui seront réalisables, utiles en contexte, et accorder
un support approprié à tous les plans possibles.
Un enseignant, un pédagogue, c'est avant toute chose un
grand communicateur. Alors, dans un contexte de formation à
distance, on peut dire aussi que l'enseignant demeure un grand
communicateur. Cela implique un certain nombre d'habiletés
autant au niveau de l'analyse du contenu qu'au niveau de la structuration
du contenu et de la livraison de celui-ci. C'est peut-être
un pléonasme, mais on devrait le voir comme ça.
Il va sans dire que cette compétence de communication n'élude
pas le besoin d'être un expert du domaine d'apprentissage.
La qualité d'une formation passe aussi par la rigueur et
la compétence en la matière. C'est le mariage des
deux mondes qui est souhaité. On a tous connu de grands
experts dans certains domaines qui étaient de bien mauvais
communicateurs. À distance comme en classe, ce n'est pas
ce qui est souhaité.
Il y a peut-être aussi une place ici pour parler de la
valeur ajoutée de la formation à distance. À
titre d'exemple, il est difficile de faire intervenir quinze experts
dans un cours en classe, même en étalant les interventions
dans le temps. Pensez aux possibilités offertes en formation
à distance où une telle chose devient possible.
Il y a des exemples, de plus en plus nombreux, où ce type
de nouvelles collaborations ou de nouvelles interactions produisent
des résultats remarquables. Avec de la créativité,
une connaissance du domaine, en maintenant à jour sa formation
à distance, on peut réaliser et proposer des formations
hautement intéressantes et efficaces.
Sur la question de l'accompagnement
Quand l'enseignement à distance a commencé à
occuper une plus grande place dans certaines institutions, le
principal blâme touchait son caractère perçu
comme très impersonnel. Il fallait faire la démonstration
qu'il était possible de personnaliser ce type de formation,
lui donner une identité. Pas certain que cela puisse se
définir en termes de compétences, mais il n'en demeure
pas moins que nous avons là une dimension importante à
prendre en compte. Il y a des moyens pour faire sentir aux étudiants
que de l'autre côté il y a un humain, pas seulement
une machine. Montrer qu'il y a quelqu'un derrière, quelqu'un
qui a des penchants, des goûts, des manières de faire.
C'est la note affective qu'il est important de souligner ici.
On a trop tendance à voir des modèles d'étudiants
très cognitivistes, très axés sur les modèles
rationnels et logiques de l'enseignement et de l'apprentissage.
On nie ainsi d'autres types de besoins, d'autres façons
de fonctionner. Un accompagnement approprié peut redonner
un bel équilibre ici. Cela devrait être le rôle
premier du tuteur ou de la personne qui accompagne l'apprenant.
Il faut aussi stimuler, susciter les questions et les réponses
des participants, particulièrement lors d'interventions
en mode synchrone. Il peut être dans ces cas intéressant
d'utiliser des techniques plus directes de questionnements. Plutôt
que de poser une question à l'ensemble du groupe, il sera
utile de poser la même question ouverte mais de façon
plus ciblée vers des individus. Enfin, pour ce qui est
du suivi des apprentissages, lorsqu'on travaille avec des clientèles
définies, on peut prendre les ententes et se fier beaucoup
au coaching local pour s'assurer du transfert. C'est une approche
qui fonctionne bien quand les prestations se font à distance
et qu'il y a des ressources locales pour compléter les
activités de transfert. Selon les situations et les contextes,
le recours à un coach, un mentor, un auxiliaire ou un tuteur
est toujours souhaitable. Dans un contexte universitaire, il est
possible d'identifier au moins trois compétences propres
aux gens qui occupent cette fonction d'accompagnement. Il faut
que ces gens puissent :
· Avoir un sens, une compréhension de l'andragogie,
de ce qu'est un apprenant adulte. C'est une question de savoir
s'ajuster à des apprenants qui arrivent avec des bagages
et des histoires de vie très variées. Ces adultes
n'ont pas toujours suivi des parcours très classiques et
il faut savoir construire sur cette richesse.
· Être en mesure de se construire une représentation
réaliste des différences des étudiants.
· Avoir un réel intérêt pour la personne.
Une forme d'empathie et d'humanité. L'être humain
est par définition complexe et c'est à toutes les
dimensions de l'humain que la formation à distance s'intéresse.
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