Table d'échanges d'expertises et d'expériences pédagogiques en formation à distance:
28 février 2002


Thème : « Le développement de compétences pour l'apprentissage à distance : quelles sont les conditions de réussite? »


Les intervenants ayant participé à cette audioconférence étaient :

- Yvan Marcotte (Arinso ; Québec)
- Francis Morin (Division scolaire francophone no. 310 ; Saskatchewan)
- Thierry Karsenti (Université de Montréal ; Québec)
- Carole Plante (Mouvement Desjardins ; Québec)


Rappel : Le texte qui suit fait état de réflexions et de pistes de solutions qui proviennent d'un débat où étaient invités des intervenants du milieu. Il s'agit d'un compte-rendu d'échanges dans le cadre d'une audioconférence proposée par le REFAD.

Pour une culture de l'autonomie…

Pour se prêter avec succès à des activités de formation à distance, il appert qu'une des premières compétences nécessaires à l'apprenant soit l'autonomie. Ce besoin d'autonomie se juxtapose bien naturellement à un grand sens de l'organisation et à une motivation qui doit être omniprésente. Comme dans certains milieux, la formation à distance est encore perçue comme un mode de formation qui isole d'une certaine façon l'apprenant, il faudra se questionner sur la qualité et parfois même sur la présence de l'encadrement ou du soutien à offrir. Il demeure certain que l'engagement de l'étudiant est d'abord et avant tout envers lui-même, puis envers les objectifs fixés qu'il doit reconnaître comme siens. Mais encore faudra-t-il que l'autonomie, l'engagement et la motivation puissent s'épanouir dans un environnement favorable à l'apprentissage.


Un encadrement approprié comme première condition de réussite…

Même en mettant en place des agents multiplicateurs, des personnes ressources ou en utilisant d'autres stratégies d'accompagnement, on constate que les efforts déployés à cet égard sont souvent timides, voire insuffisants. La personne se retrouve trop souvent seule face à son ordinateur. C'est un virage qui n'est pas facile pour des gens qui ont été longtemps encadrés dans un modèle très traditionnel de formation en salle. Il est certain que l'apprenant doit se responsabiliser dans l'atteinte de ses objectifs et dans la réalisation de ses activités. Le passage d'une forme de contrôle « Groupe » assez direct, inhérent au mode de formation traditionnel, à un contrôle « Individu et personnalisé » qui se situe beaucoup plus près de l'apprenant, peut entraîner une certaine déstabilisation qui doit être compensée par un encadrement approprié, en contexte. Il est certain que cela demande des compétences relationnelles, des qualités personnelles pour que l'apprenant aille au bout de sa démarche d'apprentissage. Il faut aussi noter que pour la formation à distance, peut-être plus spécialement en entreprise, l'étudiant doit faire ses apprentissages dans un environnement de travail qui n'est pas toujours adapté. Trop souvent, cela se fait directement à partir du poste de travail habituel, ce qui ouvre la porte à des interruptions ou des dérangements fréquents. Ça demande un assez bon sens de l'organisation pour contrer ces difficultés!


À propos de la maîtrise de la langue…

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'expérience démontre aussi que dans certains cas, plus fréquents que ce que l'on peut l'imaginer, des difficultés en ce qui concerne la maîtrise de la langue viennent alourdir le processus d'apprentissage de façon importante. On peut mieux comprendre quand la langue d'usage n'est pas la langue maternelle de l'apprenant, mais la « non maîtrise » de la langue n'est pas nécessairement le lot de ceux qui doivent utiliser une langue seconde. Pour une institution qui offre de la formation à distance, c'est un type d'évaluation qui doit être mené au tout début du cycle. Il est alors possible d'apporter les ajustements qui s'imposent.


Comprendre le rôle du tuteur…

Pour l'étudiant, ce n'est pas non plus toujours facile de bien comprendre le rôle du tuteur ou de la personne qui va l'accompagner dans son cheminement. Cela s'inscrit peut-être plus dans les conditions de réussite, mais cette perception qui est parfois fausse, parfois correcte, vient toujours, plus ou moins directement, agir sur la démarche d'apprentissage.


Encore plus de compétences…

C'est certain que les formations que l'on met en place ont beaucoup d'influence sur les compétences exigées et sur la clientèle visée. Quelque soit le niveau concerné, secondaire, collégiale ou universitaire, et quelque soit le mode de diffusion, en synchrone ou en asynchrone, il ressort que l'autonomie de l'apprenant se retrouve toujours au cœur des compétences essentielles requises. Par ailleurs, on doit limiter le plus possible le besoin de compétences complémentaires rendues trop souvent nécessaires par la mise à contribution de technologies qui ne sont pas des technologies utilisées couramment par les apprenants. En salle de classe, on peut ne jamais avoir besoin de recourir au courriel et à l'ordinateur, mais dans une classe à distance, on ne peut pas. Il y a donc des compétences à développer au niveau des outils de communications qui sont vraiment essentielles et on souhaiterait que ces compétences ne soient pas appelées par les exigences uniques d'un cours, sans correspondance à une certaine viabilité ou utilité pour plus tard.

Il y a aussi, pour l'étudiant, toute la question de la tolérance. Il faut accepter que les machines brisent et que l'image n'est pas celle de la télévision, quand c'est en images. Il faut aussi accepter que le montage des cours n'est pas toujours fait de façon optimale par des professionnels… Alors ça prend une certaine tolérance, un « focus », sur les vrais buts poursuivis tout comme une sensibilisation à la réalité qui est souvent balisée, notamment pour la technique, par les ressources financières disponibles. Les apprenants doivent enfin démontrer de l'ouverture et de la flexibilité car ils sont souvent exposés à toutes sortes de nouvelles façons d'apprendre.

 

L'autonomie en cause…

Le premier problème observé chez les futurs enseignants qui suivent des cours de formation à distance, c'est un problème d'autonomie. Si on se penche sur la question, on constate rapidement que ces étudiants sont habitués d'aller chaque semaine en classe régulière, avec un vrai professeur, à l'université. Là, ils ont un contenu de cours et des ressources qui sont disponibles sur place. Mais c'est comme si ce mode ne prédisposait pas à apprendre par soi-même. Il y a comme un espèce de choc au début. Heureusement, cela s'estompe rapidement, souvent après un ou deux cours. On parle ici d'autodiscipline, d'un sens de l'organisation qui s'articule différemment de qui s'observe en salle de classe. On dirait qu'avec les cours à distance, c'est un peu plus compliqué pour l'apprenant. Parce qu'il n'y a pas de rencontres quotidiennes ou hebdomadaires en salle de classe, les étudiants semblent enclins à repousser les obligations et les activités à la dernière minute, ou avoir une certaine difficulté à s'auto-discipliner. Il faut bien sûr souligner ici que les formations à distance intègrent, la plupart du temps, des technologies. Il y a donc certaines compétences technologiques qui sont essentielles, comme par exemple naviguer sur le Web, et télécharger des fichiers PDF. Une simple formation pour une mise à niveau technique peut, dans ces situations, prévenir beaucoup de problèmes. Ce qui semble fort bien fonctionner, c'est d'avoir une rencontre de démarrage pendant laquelle on présente le scénario du cours, les points essentiels, bref ce à quoi les étudiants devraient porter une attention particulière. On identifie aussi, à l'aide d'exemples qui font parfois rigoler, ce que ceux qui sont passés par là avant eux ont eu comme principales difficultés. Il faut qu'ils soient vraiment sensibilisés à ce que c'est « apprendre seul ». Et, faut-il préciser, seul ne doit surtout pas dire isolé. D'ailleurs, avec la quantité de messages électroniques répertoriés dans un cours dit normal, on ne peut vraiment pas dire « isolé »… Quand il y a présence virtuelle, mais non physique, parle-t-on vraiment d'isolement? Il semble que non.


Respecter l'apprenant…

Dans certains contextes, notamment celui des entreprises, la manipulation de la souris, la navigation sur des pages Web, ce n'est pas nécessairement acquis pour tous. Encore aujourd'hui, il y a des apprenants dont les seuls contacts avec l'informatique se limitent à l'utilisation d'une application d'affaires, dans un milieu très encadré… une application spécialisée dans quatre écrans par exemple. On remet souvent trop rapidement entre les mains de ces personnes un outil d'apprentissage en ligne qui est, à bien des égards, tout à fait nouveau et inconnu. En milieu de travail, avec des adultes apprenants, l'apprivoisement de l'informatique est une condition de succès qui est trop souvent négligée. On comprendra facilement que les personnes concernées sont hésitantes à exprimer leurs besoins. Premièrement, tant qu'elles ne sont pas mises devant la situation, elles ne savent pas qu'il y a là un besoin d'aide particulier pour obtenir de l'aide ; puis il y a aussi une certaine gêne, gêne qu'on peut facilement imaginer. La formation en ligne, dans de tels contextes, fait souvent ressortir toutes sortes d'insécurités, d'impressions de ne pas être à la hauteur. Ce phénomène semble plus marqué chez les adultes dépassant la trentaine, ceux qui souvent n'ont pas eu la chance d'utiliser beaucoup l'informatique. Les personnes qui naviguent facilement et fréquemment dans Internet, ont peu de problèmes avec ce qui leur est proposé. Le danger, c'est de penser qu'il s'agit d'un profil commun à tous.

Des conditions pour apprendre…

Dans les milieux de travail, quand la formation s'offre à distance et en mode asynchrone, on pense trop facilement que tout va bien aller. Dans les faits, on sait très bien que s'il n'y a pas eu de plages horaires prévues spécifiquement pour faire les apprentissages, ça passe mal. Les apprenants se sentent coincés dans leur horaire et ça crée un stress inutile. Il y a forcément, en conséquence, un impact sur la qualité de l'apprentissage. Dans les mêmes milieux, si on pense que parce qu'une personne peut faire du traitement de texte, elle sera capable du suivre avec succès un cours à distance, on passe à côté de la réalité. Une mise à niveau technique et un soutien technique et pédagogique doivent aussi être présents. L'aide en ligne doit être offerte de façon continue. Souvent la difficulté, c'est bêtement de justifier auprès des gestionnaires les besoins budgétaires. Comme c'est un domaine relativement nouveau, les données basées sur l'expérience ne sont pas toujours là pour justifier les ressources.

Il ne faut pas chercher trop loin. Les conditions de réussite passent par des considérations de base comme le soutien technique et pédagogique, de bons équipements, de l'accompagnement et un dégagement de plages horaires raisonnables pour l'apprenant. Il faut se rappeler que chacun apprend à son rythme, et qu'il faut profiter de la grande flexibilité de la formation à distance à ce chapitre.


La « magie » de l'enseignement à distance et des ressources pour agir…

Parmi les conditions de réussite, il ne faut pas négliger l'importance de l'interactivité et la qualité du produit comme tel. Que ce soit en mode synchrone ou en mode asynchrone, on peut considérer que l'acte d'enseignement fait partie du processus d'apprentissage. Cet « acte d'enseignement » va avoir un impact direct sur l'apprentissage, la motivation, sur le désir, pour l'apprenant, de se rendre jusqu'au bout de sa démarche. Un cours n'existe pas sans des apprenants et un enseignant qui interagissent à l'intérieur de ce cours. Les trois éléments sont requis pour qu'une formation puisse s'appeler ainsi. S'il n'y a pas d'interaction, on parlera alors de bases de données, de matériel complémentaire ou de lecture, d'aide à la tâche, mais certainement pas de formation ou de cours.

Il ne faut pas oublier non plus l'importance d'avoir un financement adéquat. Que ce soit pour le montage d'un bon produit asynchrone ou pour la livraison d'un bon produit synchrone, un bon financement est requis. On ne peut donner la responsabilité de 200 apprenants à un seul formateur (cas vécu). C'est une aberration. On blâme ensuite la formation à distance comme n'étant pas assez efficace, mais avec une telle surcharge, comment arriver à de bons résultats?


Impliquer l'apprenant dans le processus de développement

On constate que lorsqu'un cours à distance a été créé et qu'il fonctionne plus ou moins bien, c'est souvent parce que les apprenants n'ont jamais été impliqués. En formation des maîtres, on tente de faire de façon systématique un suivi. Pour évaluer un cours, il est possible, par exemple, de conserver tous les courriels envoyés afin d'analyser la quantité et le type de problèmes. Lors de premières expériences, 45% des courriels identifiaient des problèmes liés au cours. Avec les modifications apportées, ce chiffre est maintenant de 35%. En faisant des modifications en fonction des besoins des apprenants ou des problèmes qu'ils ont eu, on apprend aussi beaucoup. Il faut souligner qu'après, les principaux problèmes techniques s'estompent grandement. Ce sont les problèmes reliés au cours qui ressortent ensuite. Il est essentiel de se rappeler que quand on développe un cours sur des bases théoriques, sans les valider auprès des apprenants, on passe à côté de certains aspects qui devront être inévitablement rattrapés à posteriori.


Des compétences pour les concepteurs…

Quelque soit le milieu pour lequel la formation est élaborée, il faut toujours s'assurer que le mandat colle à un besoin bien réel. Ce n'est parfois pas très étonnant que la motivation ne soit pas au rendez-vous, quand la formation ne colle pas vraiment à la réalité. Il faut aussi que le concepteur ait l'humilité et la minutie requise pour aller sur le terrain pour valider les contenus au fur et à mesure. Il faut se rapprocher de l'étudiant, de l'utilisateur visé par la formation. Il y a tellement, en formation en entreprise particulièrement, d'acteurs impliqués dans le processus de développement, de gestionnaires désireux de préciser les besoins, de dirigeants, de membres de l'équipe projet, de programmeurs, de responsables de l'informatique, bref toute une structure lourde, en pelures d'oignons, où chacun veut contribuer en fonction de ses préoccupations et de ses intérêts au projet. Mais qui garde, en pareille situation, le regard fixé sur les vrais besoins de l'apprenant? Le concepteur aura cette responsabilité. On comprendra que cela prend des dimensions pédagogiques, technologiques et disons-le, aussi politiques.

Les universités ne diffèrent pas vraiment sur cette question de besoins. Une étude assez récente indique qu'à l'université, c'est en éducation que les technologies sont les moins utilisées, et ce tant par les étudiants que par les professeurs. Parmi toutes les facultés de l'université, celle qui est responsable de former les formateurs des citoyens de demain est celle où l'on retrouve le moins les technologies! Il reste qu'il y a deux compétences essentielles pour un concepteur. Il faut une compétence pédagogique et il faut aussi connaître la matière. Il faut aussi, certes, une certaine compétence technique, non pas pour produire soi-même les cours médiatisés, mais à tout le moins pour comprendre et exploiter le plein potentiel des différentes technologies. Il faut être capable de bien entrevoir les problèmes et les possibilités pour les étudiants. De cette façon, il est possible d'être plus empathique dans son approche pédagogique avec les technologies. Pour ce qui est de la matière ou du contenu, il faut probablement se placer directement dans la peau de l'apprenant et faire les apprentissages avec le même œil que celui-ci. Si la situation le permet, il est aussi toujours souhaitable de se coller à un expert de contenus. Sur la question du contenu et de la viabilité du contenu, pour l'apprenant, il n'y a aucune concession possible. Un concepteur ou un formateur qui n'a pas une maîtrise minimale de son contenu (et de la réalité du travail en entreprise) peut commettre de graves erreurs. Il faut être accroché à la réalité des apprenants et être capable d'offrir des situations authentiques d'apprentissage.

 

Des formations à distance qui touchent les sens…

Dans les compétences que les concepteurs devraient maîtriser, il faudrait sans doute aussi parler de la connaissance de divers modèles d'apprentissage. On constate que plus on stimule de sens, par l'apprentissage en ligne, plus la formation a des chances de fonctionner. En mode présentiel, on peut discuter avec son voisin, prendre des notes, regarder et entendre. Plusieurs sens sont ainsi utilisés. À distance, on peut facilement échapper cette dimension. Cela fait l'objet de plusieurs débats et c'est un peu comme si on venait de découvrir un nouveau continent qui était juste sous nos yeux. Il faut être sensible aux différents styles d'apprentissage et aux moyens de rejoindre l'apprenant dans ce qu'il est et dans ce qu'il vit. Cela rappelle d'ailleurs les propos de Monique Linard qui disait qu'avec les technologies, il faut faire appel aux « quatre pattes » de l'apprenant : le sensoriel (biologique), le psychologique, le social et le cognitif.


Et du côté de ceux et celles qui accompagnent l'étudiant…

L'empathie et la capacité de s'adapter à chacun des étudiants sont probablement deux compétences nécessaires à la personne qui va accompagner ces étudiants dans leurs démarches. L'expérience indique que les étudiants n'ont pas tous le même niveau de langage, n'ont pas tous la même expérience de vie, etc.. Un discours peut très bien être adapté à un style d'apprenant et pas du tout à un autre. Il faut donc faire preuve d'une certaine adaptabilité dans l'animation et dans les interventions qui seront faites. Il faut aussi savoir, à la fois, laisser un espace approprié pour que l'étudiant partage ses préoccupations et être capable de ramener la discussion ou l'échange sur le sujet sur lequel l'échange doit porter. C'est une question d'équilibre, entre le respect de la personne auprès de qui on intervient et l'objet même de la formation ou le but visé d'un cours.

Enfin, si on pense à la rétroaction, il est essentiel d'être très rapide afin de ne pas laisser l'étudiant dans le doute. Les étudiants sont souvent seuls. Il y en a qui prennent des situations pour acquis et font fausse route. Si on rattrape ces personnes avec plusieurs semaines de retard, la remise sur les rails est plus difficile à faire. Il faut probablement aussi qu'un animateur puisse proposer et accepter de sortir des sentiers battus. Il y a parfois des solutions qui ne sont pas nécessairement prévues à l'intérieur d'un cours. S'il appert que pour atteindre pleinement les objectifs visés, l'étudiant peut emprunter des chemins moins fréquentés, il faut être capable de reconnaître l'intérêt et la viabilité de telles solutions et de les soutenir, à défaut de les promouvoir. Dans cette même foulée, il faut aussi que la personne qui accompagne ait de l'initiative puisque les « produits » ne sont pas toujours parfaits. Pour atteindre les objectifs visés par une formation, il faut parfois ajouter, compléter ou jeter plus d'éclairage à ce qui est proposé à l'apprenant. Ça prend donc une certaine créativité dans l'expression de la pédagogie, tout en respectant, bien sûr, l'esprit dans lequel le cours a été élaboré.

Il faut finalement souligner l'importance des compétences en communication, en animation de forums télématiques ou de groupes de discussions. Il appert qu'avec l'expérience, l'intervenant développe beaucoup de stratégies efficaces. Une idée qui fonctionne bien, par exemple, est de mettre en place un groupe de discussion pour offrir un espace d'échanges à tous les étudiants d'un cours. Le démarrage et l'animation initiale sont assurés par la personne qui encadre, puis son rôle s'efface, petit à petit, au fur et à mesure que les étudiants s'approprient l'espace. L'animateur, après un certain temps, n'est plus que le témoin de tout ce qui se passe. Quand on en arrive là, on peut se considérer très satisfait. Avec les technologies, on a maintenant cette chance de donner la parole aux apprenants, et quand cette parole est partagée, elle l'est le plus souvent au service de l'apprentissage.


Il faut pouvoir, en définitive, mettre en place de bonnes conditions telles que de bons équipements, une juste détermination des besoins faite avec les bonnes personnes, le bon accompagnateur pour le bon contenu et la bonne population cible. Il faut que cette démarche soit valorisée et adéquatement soutenue. On peut probablement aussi parler d'une certaine sensibilité à ce que doit être un environnement professionnel d'apprentissage à distance, à ce que doit être aussi un professionnel de l'accompagnement et à la préparation que cela suppose tant pour l'environnement que pour les individus impliqués.


Des formations à distance scrutées à la loupe…

Il est, par ailleurs, assez amusant de constater à quel point les attentes par rapport à la formation à distance peuvent être grandes par opposition à la situation qui prévaut quant à l'évaluation de la formation en mode présentiel. La clientèle étudiante exprime des attentes fort élevées quand il est question de formation à distance. Mais cette même clientèle accepte, souvent sans rouspéter, une formation en classe avec un professeur moyen présentant un contenu qui est parfois d'une platitude évidente. Si en formation à distance l'étudiant vit un échec, le mode de formation est immédiatement visé. L'échec en salle de classe est rarement attribué, de facto, à l'enseignant. Le défi semble donc plus grand (plus risqué?) quand il est question de choisir la formation à distance comme mode d'enseignement. Le regard neuf qu'on pose sur les contenus de formation et sur la qualité des prestations, quand on utilise de nouveaux moyens, semble rendre plus critique envers le succès, d'une part, et moins tolérant face à un manque de dynamique, d'autre part. Pour certains, c'est ce qui s'appelle être condamné à l'excellence en formation à distance. La question est de savoir si cette condamnation à l'excellence est une bonne ou une moins bonne chose…

Ce regard à la loupe devrait être un beau problème, mais c'est un problème qui peut aussi amener à des coupures dans les budgets de formation dévolus à la distance. Si les preuves ne sont pas faites quant à la validité de l'approche, décidera-t-on dans les administrations de poursuivre sur cette voie? Il est certes nécessaire de reconnaître l'importance des périodes de rodage au début, mais il reste que pour un formateur il faut y aller avec prudence, mais il faut aussi aller de l'avant. C'est tout de même assez extraordinaire de constater, qu'après plus de 30 ans de pratiques modernes diverses en formation à distance, la question de la validité se retrouve encore parfois à l'agenda. L'image forte de la salle de classe amène des comparaisons très tenaces. Mais il reste que sur la poussée de visionnaires, sur la poussée de nouvelles technologies, et peut-être plus encore sur la base de ce que la formation à distance peut apporter à l'apprenant, l'évolution se fait aujourd'hui probablement à un rythme décuplé par rapport à ce qui se vivait hier. Il ne faut pas pour autant penser qu'il est souhaitable de tout mettre dans un mode de formation à distance, mais utiliser à bon escient, avec la bonne clientèle et de la bonne façon, il y a là de quoi répondre d'excellente façon à des besoins bien réels.


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Mise à jour: 4/3/2002