Table d'échanges d'expertises et d'expériences pédagogiques en formation à distance:
14 février 2002

 


Thème : « Le développement de compétences pour l'apprentissage à distance : quelles sont les conditions de réussite? »


Les intervenants ayant participé à cette audioconférence étaient :

- Claire Mainguy (Université Laval; Québec)
- Denise Paquette-Frenette (Université Brock; Ontario)
- Marquis Bureau (ACÉD & SAIT; Alberta)
- André Blanchard (Université de Moncton; N.-B.)


Se sont également joints à titre d'observateur (trice)s :

- Daniel Laurin (Bureau des services financiers; Québec)
- Jean-Paul L'Italien (Campus d'Edmundston de l'Université de Moncton; Nouveau-Brunswick)
- Mireille Beaulieu-Caron (Campus de Shippagan de l'Université de Moncton; Nouveau-Brunswick )
- Claude Potvin, Denise Vigneault, Jean-Benoît Caron (Université Laval; Québec)
- Jacques Leclerc, Yves Chouinard, Paul Cyr, Jeannette Blaquière, Line Croussette (CCNB Campbellton; Nouveau-Brunswick)
- Anne Cornet, Fernand Meloche, Martine Mottet, Andrée Brosseau (CCFD; Québec)


Rappel : Le texte qui suit fait état de réflexions et de pistes de solutions qui proviennent d'un débat où étaient invités des intervenants du milieu. Il s'agit d'un compte-rendu d'échanges dans le cadre d'une audioconférence proposée par le REFAD.

La distance, quelle distance?:

Les expériences d'étude à distance peuvent faire appel à des réalités bien différentes. Nous pouvons ainsi penser à des expériences où il y a effectivement séparation dans l'espace, mais pas forcément dans le temps. Comme l'enseignement peut se faire en mode synchrone ou en mode asynchrone, comme différentes technologies peuvent être utilisées, seules ou combinées les unes aux autres, il faut être sensible au fait que la définition même du mot distance peut référer à des réalités différentes. Cela devrait être pris en compte dans notre réflexion sur les compétences en FAD, objet de la rencontre d'aujourd'hui. Il semble bien qu'il y ait des compétences qui soient quelque peu différentes selon l'environnement dans lequel on se retrouve…


Du côté de l'étudiant…

À première vue, il semble que les compétences pour les étudiants et étudiantes à distance soient les compétences habituelles. Il faut mettre à contribution toute une série de capacités intellectuelles et personnelles ainsi que des éléments d'engagement dans une situation d'apprentissage. Pour des environnements de type synchrone, il faudra peut-être considérer des capacités accrues de communication à l'oral qui viendront s'ajouter aux capacités de communication à l'écrit, toujours nécessaires. Il est essentiel d'avoir des communications claires, d'être capable de ramasser ses idées en vue d'un traitement articulé et de les transmettre rapidement et clairement. Il faut des capacités de conceptualisation et de communication quand on est à distance, surtout en audioconférence quand personne ne nous connaît. Dans une telle situation, les indices sociaux et les indices corporels ne peuvent être mis à contribution.

Il semble de plus en plus utile de développer des compétences à travailler de façon dynamique en groupe. Apprendre à distance, c'est aussi apprendre à co-construire un savoir par la communication et la mise en perspective de différents points de vues. À cet égard, la dynamique des échanges contribue à ce que chacun s'approprie ce qui est nécessaire à son apprentissage. Par ailleurs, il n'y a pas vraiment d'évidence quant au besoin, pour un étudiant à distance, d'avoir une plus grande autonomie et une plus grande confiance en ses capacités qu'un étudiant sur campus par exemple. Cependant, il faut certainement une méta-compétence de connaissance de soi, de connaissance de ses façons d'apprendre et de connaissance de ses façons de communiquer. Ce ne sont peut-être pas les compétences qu'ont déjà les étudiants et étudiantes dans les cours à distance, mais il semble souhaitable d'aider chaque apprenant, apprenante à les développer, à les acquérir.


Des conditions de réussites pour l'étudiant…

Le Petit Robert donne comme définition de l'autonomie : « Qui ne dépend de personne ». Sauf qu'on nous dit qu'en enseignement à distance on peut être autonome et avoir quand même besoin d'accompagnement pour justement augmenter son niveau d'autonomie. En contexte, cela n'est pas contradictoire. Du côté des préalables, une institution d'enseignement doit communiquer clairement ce qui doit être acquis par l'étudiant afin que celui-ci poursuive une démarche d'apprentissage qui soit harmonieuse. Celui-ci, sur la base de son autonomie et de sa capacité à faire des choix, pourra définir et mettre en branle un cheminement d'apprentissage qui lui permettra de poursuivre, étape par étape, sa route de façon appropriée. Condition incontournable de réussite, l'autonomie de l'apprenant prend ici toute sa place. Cela est lié à la volonté d'apprendre qui fait partie de ce grand concept d'autonomie. Nous parlons ici à la fois d'ouverture d'esprit, de connaissance de soi et de reconnaissance des besoins chez l'apprenant.

Liberté de choisir et motivation…

La volonté d'apprendre de l'apprenant semble un facteur important à considérer dans le succès d'une démarche d'apprentissage. Il est souhaitable que la démarche fasse sens pour l'individu. Pourquoi apprendre? Pourquoi investir des énergies et du temps? Des expériences récentes avec des étudiants provenant du milieu des entreprises indiquent qu'il peut être laborieux de rendre signifiante et profitable une formation imposée, dans un contexte où l'étudiant n'a pas pu réfléchir et donner un sens personnel à sa démarche pour la justifier. Quand on parle de la motivation, on parle bien sûr du besoin d'apprendre pour son travail, pour un perfectionnement ou simplement pour une meilleure connaissance de soi. C'est probablement là qu'on peut apporter un encouragement et un accompagnement, par des contacts personnels ou simplement par la mise en place de différents outils pour créer un environnement de support. Mentionnons que la formation à distance bénéficie maintenant de différents outils de communication sur Internet, susceptibles d'apporter à l'apprenant un support utile et efficace pour lui.

D'autres habiletés…

Il y a aussi d'autres habiletés à développer. On peut les illustrer de la façon suivante :


Il faut retenir ici qu'une formation à distance de qualité peut offrir de nombreuses ressources à l'apprenant. Restera à celui-ci à les utiliser, ou non, selon ses besoins. À titre d'exemple, mentionnons qu'un guide d'étude à distance pourrait proposer des trucs pour la lecture active, un calendrier de cheminement, des conseils pour gérer son temps…


L'étudiant à distance : quelle image avons-nous en tête?

Une question importante à se poser quand on réfléchit aux compétences chez l'apprenant touche aussi à l'image qu'on a de celui-ci. De quelle genre de démographie parle-t-on? Parle-t-on de quelqu'un qui est rendu au niveau post-secondaire et qui est en train de faire un premier, un deuxième ou un troisième diplôme? Cela change la donne. Il y a probablement des réponses à trouver à ces questions de base et selon le profil de l'étudiant qu'on va vouloir servir à distance plusieurs moyens s'offrent à nous. On a trop souvent tendance à prendre comme modèle un étudiant qui sort du secondaire et qui arrive, pour la première fois, dans un environnement à distance. Il faut s'intéresser au bagage avec lequel un étudiant arrive et cela, on le comprendra, peut varier beaucoup d'une situation à l'autre. Ce bagage à l'arrivée devrait servir au développement des contenus et au développement des services périphériques offerts.

De la diversité…

D'un point de vue l'administrateur, on se retrouve fréquemment en présence de clientèles très diversifiées. Il s'agit ici autant de profils culturels et ethniques très différents, que de bilans individuels d'acquis scolaires et expérientiels. Les étudiants arrivent avec certaines valeurs, certaines croyances et certaines attentes par rapport au genre d'enseignement ou de services qu'ils devraient nécessairement recevoir. Si on sait, de prime abord, que l'étudiant part avec la perception que la formation à distance est un type d'enseignement de second ordre, il faudra en tenir compte dans la façon de concevoir un programme et dans la façon de concevoir les cours. En d'autres mots, même si on est souvent sollicité pour rejoindre le plus de clientèles possibles, il apparaît préférable de faire de la segmentation et de cibler les différentes clientèles. Cela va avoir son importance sur l'appropriation par l'apprenant des facteurs influençant directement la qualité de ses apprentissages.

L'autre phénomène qui semble important pour un administrateur et qu'il ne faut surtout pas ignorer, c'est toute la relation avec l'établissement ou avec les gens qui représentent l'établissement. On s'aperçoit que c'est une variable critique et que, selon le programme ou le cours, il s'agit d'un facteur plus important encore que le contenu même d'un cours. C'est dans une large mesure toute la panoplie de services offerts qui va rendre viable l'apprentissage d'une matière à l'aide du mode de prestation à distance. Ce que l'on constate lors d'évaluation avec les étudiants, c'est que la relation avec le tuteur, avec le professeur, selon le cas, est encore plus importante que la relation avec le contenu ou même la relation avec soi. Ce qui est important ici, c'est de reconnaître le système de valeurs et de croyances, d'avoir une bonne idée de la démographie et de faire une bonne segmentation. C'est ainsi qu'il devient possible de mettre en place les relations nécessaires pour encourager et soutenir la réussite.

Des compétences à cibler pour l'étudiant…

Compétences en informatiques o Pour naviguer sur Internet.
o Pour suivre un cours sur Internet.
o Pour télécharger des logiciels.
Compétences en communications écrites et verbales o Pour participer aux activités en ligne.
o Pour produire des messages utiles pour soi et pour les autres.
Compétences en techniques d'organisation du travail o Pour gérer temps et activités.
o Pour concilier vie étudiante, vie professionnelle, vie familiale et vie sociale

Au-delà de ces compétences, pour que l'étudiant puisse profiter de son apprentissage, il faudrait aussi pouvoir répondre positivement aux quelques questions suivantes :

  • Est-ce que le cours est pertinent?
  • Est-ce que le contenu est présenté dans un langage accessible?
  • Est-ce que les objectifs généraux et spécifiques sont clairement établis?
  • Est-ce que le cours prévoit différents modes d'évaluation?
  • Est-ce que la méthode d'encadrement est clairement établie?
  • Est-ce que les politiques administratives sont claires.

Nous constatons donc que c'est un tout qui contribue à ce que l'apprenant puisse cheminer correctement. Il y a bien sûr une certaine quantité de compétences qui doivent être présentes, mais il y a aussi un environnement d'apprentissage qui doit être en place pour que ces compétences puissent être utilisées au maximum.


Aussi une question d'adaptabilité…

Il semble aussi qu'en plus de penser en termes de compétences et d'autonomie, chez l'étudiant à distance, il serait intéressant aussi de parler en termes de capacités d'adaptation aux divers environnements d'apprentissage. Par cette adaptabilité, l'apprenant pourra développer une certaine ouverture à apprendre de façon différente de celle à laquelle il est habitué. À ce moment là, les chances de réussites sont probablement plus grandes. Il s'agit peut être de développer une forme de patience et de tolérance face à certains obstacles, à certaines difficultés, que ce soit un pont d'audioconférence ou de vidéoconférence qui tombe en panne au milieu d'un cours, ou encore un problème technique d'accès à un serveur dans les cours en ligne. Ce sont des situations qui sont parfois vécues, des situations qui ne sont pas souhaitées mais avec lesquelles il faut composer. C'est là qu'un savoir agir et un savoir réagir prend toute son importance.


Et du côté des professeurs et des concepteurs…

C'est évident que le rôle du professeur peut varier d'une institution à une autre. Ceci n'a bien sûr pas d'effet sur l'importance de son rôle, mais la variété des tâches dans lesquelles il devra s'investir supposera une implication très variable d'un cas à l'autre. Le professeur peut être à la fois concepteur pédagogique, informaticien, technicien, responsable de l'encadrement… On comprendra que dans un tel contexte, les compétences requises pour un professeur se déploient dans un large éventail. Le professeur, doit être d'abord et avant tout un spécialiste du contenu. Il doit maîtriser les concepts de base d'un bon design pédagogique, connaître les différents modes d'évaluation possibles. Il doit aussi parfois avoir la maîtrise de plusieurs technologies, de plusieurs logiciels. Il faut aussi qu'il connaisse les différents mécanismes d'encadrement, qu'il soit un bon communicateur et un bon motivateur. Il doit bien connaître sa clientèle et ses caractéristiques, comme, par exemple, les caractéristiques de l'étudiant adulte. Il doit être attentif aux besoins de l'apprenant et être capable d'offrir des renforcements positifs. Dans un registre complémentaire, on demande de plus en plus au professeur d'être capable d'intelligence émotionnelle. Dans un contexte à distance, cela revêt croit-on une importance encore plus grande. Enfin, Il doit pouvoir faire face à de nombreux imprévus. Bref, on lui demande parfois d'être rien de moins qu'un homme orchestre et c'est souvent tout un défi d'organisation.

Faut-il faire le pas?

Dans un tel contexte, il apparaît légitime de se questionner sur l'à-propos d'inviter un professeur, qui a toujours évolué dans un environnement présentiel, à faire le pas pour devenir, par « évolution naturelle » du rôle ou par obligation, un tel homme orchestre. L'enseignement traditionnel, l'utilisation des technologies et l'enseignement à distance sont trois tendances liées par un fil d'Ariane qui indique d'une certaine façon les routes possibles. Par rapport aux compétences, étant donné qu'il existe une variété de types d'éducation à distance, on note que certains professeurs sont plus à l'aise dans toute la tradition de l'imprimerie, dans toute la tradition de la correspondance. Ces professeurs peuvent plus facilement s'investir dans la rédaction de cours. Certes, ils n'ont pas toujours la compétence souhaitée pour développer des stratégies d'apprentissage, puisqu'ils sont plus experts de contenus qu'experts dans le domaine de l'apprentissage… Afin que les cours préparés par ces experts en la matière soient couronnés de succès, il faut probablement mettre à contribution des ressources aptes à faciliter l'apprentissage. Ne pas recourir à cette complémentarité des rôles serait de croire à une pensée magique qui suppose un succès spontané et naturel du cours.

La même réflexion ne devrait-elle pas aussi s'appliquer aux situations qui font appel à toute une variété de compétences qui ne se retrouvent pas naturellement dans un même individu? Et c'est peut-être une question de « générations », sans égard à l'âge doit-on le préciser. Pour imager la chose, imaginons une « génération » qui préfère le journal, une qui écoute la radio, une autre qui s'intéresse à la télévision et enfin une autre qui serait la « génération » du multimédia. Naturellement, dépendamment de notre propre façon d'apprendre, de la façon dont on a été socialisé, ou encore en fonction de notre propre bagage expérientiel, on pourra avoir une tendance à être meilleur dans un domaine ou dans un autre. Mais la justification profonde et la question de sens pour le professeur devrait être le premier moteur de ses actions. Même le défi de passer de la correspondance à l'interactivité en est un de taille. Encore pour prendre une image, comparons la formation par correspondante à l'église catholique. Il y a quand même là un pape qui valide les approches et le savoir, il y a toute une hiérarchie, un processus, une grosse machine en marche. Si on réussit à passer à travers le processus, on arrive à la fin avec un produit qui peut être identifié souvent dès le départ. Dans un contexte ou l'interactivité est placée à l'avant-plan, où le multimédia est basé beaucoup plus sur l'interaction, il y a une relation de pouvoir qui est complètement différente. C'est une conception de l'apprentissage qui fait souvent plus de place aux habiletés et aux compétences des autres qu'à notre propre compétence. Cette vision du numérique fait donc appel, dans une large mesure, à d'autres habiletés que celles que beaucoup de professeurs possèdent en ce moment. Et ici, on a pas encore commencé à embaucher, ni même à faire de bons profils de personnes à l'aise dans un tel environnement. On parle ici d'un domaine plus ouvert où la relation avec le contenu est beaucoup plus dynamique, par opposition à une conception plus statique du savoir. C'est une question sur laquelle il faudra se pencher pour faire le changement entre l'imprimerie et le numérique. Quand le phénomène du groupe est aussi important que la contribution du professeur, on est en présence de tout un changement de perspective. Il y a certainement ici de fort bonnes pistes de réflexion.


Des ressources et des moyens…

Probablement que la première condition de réussite pour un passage de la formation traditionnelle à la formation à distance est que le professeur impliqué accepte de s'ouvrir à d'autres réalités et accepte de travailler, quand c'est offert, au sein d'une équipe pluridisciplinaire. Dans certaines organisations, il est possible de recourir aux services d'une équipe de conseillers pédagogiques en formation à distance. Le professeur demeure le responsable, celui qui aura le dernier mot quant à son cours. Mais s'il accepte de travailler avec le soutien de gens qui sont là spécialement pour lui faciliter la vie, les possibilités deviennent immenses. S'il accepte de valider des démarches proposées, de définir avec l'équipe ses objectifs, de développer des exercices pour chaque unité d'apprentissage, de développer les corrigés, bref s'il s'engage dans une démarche de co-construction d'un cours à distance de qualité, il a alors toutes les chances d'obtenir d'excellents résultats. Cette ouverture dont il doit faire preuve est très certainement le principal préalable au développement et à la réussite d'une formation à distance qui servira au mieux tous les acteurs impliqués. Et, faut-il le rappeler, c'est à travers l'expérience de l'étudiant qu'il sera possible d'évaluer la qualité de ce qui lui est remis entre les mains. Il faut pouvoir, en tout temps, pouvoir se mettre à la place de cet étudiant.

D'autres compétences pour le professeur…

Sur la question des activités, voici quelques compétences complémentaires pour le professeur :

Pour compléter le tableau, soulignons l'importance, pour le professeur, de connaître les avantages et les limites des différents médias. Cela aura une influence directe sur le potentiel qu'il pourra retirer de l'utilisation éclairée de chacun d'eux, tout en lui permettant de prendre conscience à la fois des délais de réalisation et de l'importance, pour tous les acteurs, de respecter les échéanciers individuels.


Parle-t-on vraiment de nouvelles compétences?

Posons nous la question pour savoir si notre propos d'aujourd'hui touche réellement de nouvelles compétences. Ne s'agirait-il pas simplement de nouvelles techniques, de nouvelles pratiques, de nouveaux comportements qui doivent être ajoutés au répertoire des formateurs et formatrices? Est-il question de nouvelles compétences , d'un nouveau paradigme épistémologique de changement majeur dans les compétences à acquérir, ou bien, tout simplement, de l'ajout de certains éléments issus des outils technologiques de médiatisation. Chaque média, la vidéoconférence ou Internet par exemple, amène des défis particuliers qui font certes appel à des compétences spécifiques. Mais la différence réside-t-elle dans une compétence vraiment particulière ou plutôt, plus simplement, dans une connaissance qui elle serait particulière? Ne fait-on pas appel, dans le fond, aux compétences professionnelles génériques, habituelles dont on a beaucoup parlé jusqu'à maintenant? Comment faire de l'évaluation, comment définir le travail pour ne pas qu'il y ait de surcharge pour l'apprenant ou l'apprenante, se mettre à la place de cet apprenant, apprenante, savoir comment faire de la rétroaction, savoir comment répondre à temps à des échéances, bref, il semble que ce soit là des compétences professionnelles assez génériques. On peut même ajouter à cela les compétences en technique d'animation de groupes ou d'animation de discussion. Il est probablement vrai que les technologies poussent probablement un peu plus loin, agissent aussi comme un catalyseur de certaines pratiques ou de certains usages nouveaux, mais dans le fond, parle-t-on de différences qui touchent l'essence de la communication éducative? Il faut donc peut-être faire cette distinction entre les compétences normales, génériques et ce qui est facilement perçu comme nouvelles compétences. Il n'en demeure pas moins qu'il faudra toujours être capable, même et surtout dans un environnement d'apprentissage médiatisée, d'imposer les questions pédagogiques en toute connaissance et conscience du contexte particulier que suppose les technologies.

Les compétences de communications concises, claires, les capacités de synthèse apparaissent nécessaires en toutes circonstances. Alors où se situe réellement la différence? Ceci étant dit, il est sûrement utile de regarder le besoin, pour un professeur en FAD, de faire preuve d'imagination, d'empathie ainsi que d'un sens politique par rapport à ce qui est innovateur dans la culture de cours à distance, à l'intérieur d'une compagnie ou d'un établissement.



Qu'en est -il des tuteurs ou des intervenants responsables du support?

D'entrée de jeu, deux points à souligner… Il faut reconnaître que dans la plupart des cas, le tuteur est la personne qui représente l'établissement. Dans ce contexte, il faudrait que chaque établissement offre un maximum d'appuis et de services à ces professionnels. Ils font certainement partie des facteurs clés du succès des étudiants. Il apparaît donc nécessaire de leur offrir de bons outils, un bon encadrement et il faudrait aussi commencer à les payer un peu mieux. Il ne faut pas oublier que c'est par eux que passe la prestation des services et des « produits » offerts par les maisons d'enseignement…

En termes de compétences, le tuteur c'est bien sûr quelqu'un qui a une bonne connaissance du contenu, mais surtout une bonne connaissance de ce que ça veut dire apprendre. Il faut que le tuteur soit aussi capable de faire le cheminement avec l'étudiant ou l'étudiante, quel que soit ce cheminement. La capacité d'écoute, d'empathie et de communication du tuteur fera en sorte que l'étudiant, l'étudiante aura ou non une bonne relation avec l'établissement. Même si, de prime abord, on recherche plus facilement des compétences techniques ou de contenu, il faudra miser sur un investissement humain majeur pour l'appuyer. C'est la qualité du cheminement de l'étudiant qui est en cause ici.

Pour le tuteur…

Il faut enfin souligner qu'en ce qui concerne l'intervention et la communication directes auprès de l'étudiant, il existe de grandes similitudes entre le rôle et les responsabilités du tuteur et le rôle et les responsabilités du professeur qui intervient à ce même niveau. Il faudra s'intéresser à la question de la mise en place des supports techniques, administratifs, etc.. L'infrastructure d'un établissement est absolument essentielle. Il faudra donc déplacer le débat concernant les compétences requises par les différents acteurs pour regarder très attentivement les questions d'infrastructures, sans lesquelles toutes les belles compétences du monde ne fonctionneront pas…

Piste pour un tutorat amélioré…

Le tuteur, c'est la personne clé. C'est souvent l'unique lien entre l'étudiant et l'institution. Il agit donc comme guichet unique et il a, de ce fait, un rôle extrêmement important. Idéalement, le tuteur devrait pouvoir participer à la conception du cours, contribuer au design pédagogique. Cela lui permettrait d'avoir une connaissance en profondeur du cours, ce qui le rendrait capable de s'investir encore plus auprès de l'étudiant. Le travail d'encadrement en devient facilité, la rétroaction sur les travaux s'enrichit et la correction prend alors tout son sens.

Il peut être aussi fort approprié d'offrir une formation sur les rôles et responsabilités du tuteur. Ce type de formation, même de courte durée, peut permettre d'atteindre plusieurs objectifs à la fois :

· Former chaque tuteur afin qu'il reparte avec un bagage uniforme (même s'il est petit ce bagage).
· Rassurer et motiver le tuteur.
· Permettre l'échange entre tuteurs sur leurs expériences professionnelles.
· Offrir une fenêtre pour poser des questions aux responsables des cours et des programmes.
· Communiquer l'intention de l'institution de leur apporter un soutien tangible en cours de route.


Impliquer les acteurs le plus possible en amont d'une formation…

Il faut, croit-on, accorder une grande attention aux personnes qui auront à enseigner à distance ou à faire de l'accompagnement d'étudiants à distance. Il faut donc y accorder beaucoup de temps, longtemps à l'avance, et viser évidemment autant les compétences techniques que les compétences pédagogiques, surtout dans un contexte d'utilisation des technologies. Cela est susceptible d'entraîner des changements positifs d'attitudes et on sait qu'une approche positive abat souvent bien des barrières…

Du côté des apprenants et apprenantes, certaines pistes de solutions ressortent pour démystifier et enlever une partie de l'anxiété devant l'utilisation des technologies. Parmi ces pistes, mentionnons que des appels personnalisés qui sont fait de trois à quatre semaines à l'avance donnent souvent d'excellents résultats. Un contact humain, un contact par la voix qui précédera un contact à l'écrit, voilà qui permet de rendre un démarrage de cours beaucoup plus harmonieux. Une autre façon de contribuer au succès, est de rendre les environnements d'apprentissage disponibles longtemps à l'avance. On ne peut pas imaginer à quel point des personnes qui s'inscrivent à des cours de premier ou de deuxième cycle souhaitent pouvoir se « promener » dans l'environnement plusieurs semaines à l'avance. Il semble qu'il soit plus utile de rendre ces environnements virtuels disponibles environ un mois à l'avance. Cela permet aux étudiants d'aller voir à quoi ça ressemble, de s'habituer à entrer en ligne, d'avoir accès aux serveurs, de découvrir les fonctionnalités offertes, bref d'apprivoiser le territoire avant de s'y aventurer pour vrai. Dans certaines situations cela pourrait même aller jusqu'à offrir une courte formation pour habiliter l'étudiant à travailler dans un tel environnement. Parallèlement à cela, inutile de dire qu'un support 7 jours par semaine et 24 heures par jour, avec réponses dans un délai acceptable, devrait aussi être disponible tant pour les étudiants que pour les tuteurs ou professeurs.

 

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Mise à jour: 4/3/2002