Table d'échanges d'expertises
et d'expériences pédagogiques en formation à
distance:
14 février 2002
Thème : « Le développement de compétences
pour l'apprentissage à distance : quelles sont les conditions
de réussite? »
Les intervenants ayant participé à cette audioconférence
étaient :
- Claire Mainguy (Université Laval; Québec)
- Denise Paquette-Frenette (Université Brock; Ontario)
- Marquis Bureau (ACÉD & SAIT; Alberta)
- André Blanchard (Université de Moncton; N.-B.)
Se sont également joints à titre d'observateur
(trice)s :
- Daniel Laurin (Bureau des services financiers;
Québec)
- Jean-Paul L'Italien (Campus d'Edmundston de l'Université
de Moncton; Nouveau-Brunswick)
- Mireille Beaulieu-Caron (Campus de Shippagan de l'Université
de Moncton; Nouveau-Brunswick )
- Claude Potvin, Denise Vigneault, Jean-Benoît Caron (Université
Laval; Québec)
- Jacques Leclerc, Yves Chouinard, Paul Cyr, Jeannette Blaquière,
Line Croussette (CCNB Campbellton; Nouveau-Brunswick)
- Anne Cornet, Fernand Meloche, Martine Mottet, Andrée
Brosseau (CCFD; Québec)
Rappel : Le texte qui suit fait état de réflexions
et de pistes de solutions qui proviennent d'un débat
où étaient invités des intervenants du
milieu. Il s'agit d'un compte-rendu d'échanges dans le
cadre d'une audioconférence proposée par le REFAD.
La distance, quelle distance?:
Les expériences d'étude à
distance peuvent faire appel à des réalités
bien différentes. Nous pouvons ainsi penser à
des expériences où il y a effectivement séparation
dans l'espace, mais pas forcément dans le temps. Comme
l'enseignement peut se faire en mode synchrone ou en mode asynchrone,
comme différentes technologies peuvent être utilisées,
seules ou combinées les unes aux autres, il faut être
sensible au fait que la définition même du mot
distance peut référer à des réalités
différentes. Cela devrait être pris en compte dans
notre réflexion sur les compétences en FAD, objet
de la rencontre d'aujourd'hui. Il semble bien qu'il y ait des
compétences qui soient quelque peu différentes
selon l'environnement dans lequel on se retrouve
Du côté de l'étudiant
À première vue, il semble que les
compétences pour les étudiants et étudiantes
à distance soient les compétences habituelles.
Il faut mettre à contribution toute une série
de capacités intellectuelles et personnelles ainsi que
des éléments d'engagement dans une situation d'apprentissage.
Pour des environnements de type synchrone, il faudra peut-être
considérer des capacités accrues de communication
à l'oral qui viendront s'ajouter aux capacités
de communication à l'écrit, toujours nécessaires.
Il est essentiel d'avoir des communications claires, d'être
capable de ramasser ses idées en vue d'un traitement
articulé et de les transmettre rapidement et clairement.
Il faut des capacités de conceptualisation et de communication
quand on est à distance, surtout en audioconférence
quand personne ne nous connaît. Dans une telle situation,
les indices sociaux et les indices corporels ne peuvent être
mis à contribution.
Il semble de plus en plus utile de développer
des compétences à travailler de façon dynamique
en groupe. Apprendre à distance, c'est aussi apprendre
à co-construire un savoir par la communication et la
mise en perspective de différents points de vues. À
cet égard, la dynamique des échanges contribue
à ce que chacun s'approprie ce qui est nécessaire
à son apprentissage. Par ailleurs, il n'y a pas vraiment
d'évidence quant au besoin, pour un étudiant à
distance, d'avoir une plus grande autonomie et une plus grande
confiance en ses capacités qu'un étudiant sur
campus par exemple. Cependant, il faut certainement une méta-compétence
de connaissance de soi, de connaissance de ses façons
d'apprendre et de connaissance de ses façons de communiquer.
Ce ne sont peut-être pas les compétences qu'ont
déjà les étudiants et étudiantes
dans les cours à distance, mais il semble souhaitable
d'aider chaque apprenant, apprenante à les développer,
à les acquérir.
Des conditions de réussites pour l'étudiant
Le Petit Robert donne comme définition
de l'autonomie : « Qui ne dépend de personne ».
Sauf qu'on nous dit qu'en enseignement à distance on
peut être autonome et avoir quand même besoin d'accompagnement
pour justement augmenter son niveau d'autonomie. En contexte,
cela n'est pas contradictoire. Du côté des préalables,
une institution d'enseignement doit communiquer clairement ce
qui doit être acquis par l'étudiant afin que celui-ci
poursuive une démarche d'apprentissage qui soit harmonieuse.
Celui-ci, sur la base de son autonomie et de sa capacité
à faire des choix, pourra définir et mettre en
branle un cheminement d'apprentissage qui lui permettra de poursuivre,
étape par étape, sa route de façon appropriée.
Condition incontournable de réussite, l'autonomie de
l'apprenant prend ici toute sa place. Cela est lié à
la volonté d'apprendre qui fait partie de ce grand concept
d'autonomie. Nous parlons ici à la fois d'ouverture d'esprit,
de connaissance de soi et de reconnaissance des besoins chez
l'apprenant.
Liberté de choisir et motivation
La volonté d'apprendre de l'apprenant semble
un facteur important à considérer dans le succès
d'une démarche d'apprentissage. Il est souhaitable que
la démarche fasse sens pour l'individu. Pourquoi apprendre?
Pourquoi investir des énergies et du temps? Des expériences
récentes avec des étudiants provenant du milieu
des entreprises indiquent qu'il peut être laborieux de
rendre signifiante et profitable une formation imposée,
dans un contexte où l'étudiant n'a pas pu réfléchir
et donner un sens personnel à sa démarche pour
la justifier. Quand on parle de la motivation, on parle bien
sûr du besoin d'apprendre pour son travail, pour un perfectionnement
ou simplement pour une meilleure connaissance de soi. C'est
probablement là qu'on peut apporter un encouragement
et un accompagnement, par des contacts personnels ou simplement
par la mise en place de différents outils pour créer
un environnement de support. Mentionnons que la formation à
distance bénéficie maintenant de différents
outils de communication sur Internet, susceptibles d'apporter
à l'apprenant un support utile et efficace pour lui.
D'autres habiletés
Il y a aussi d'autres habiletés à
développer. On peut les illustrer de la façon
suivante :
Il faut retenir ici qu'une formation à distance de qualité
peut offrir de nombreuses ressources à l'apprenant. Restera
à celui-ci à les utiliser, ou non, selon ses besoins.
À titre d'exemple, mentionnons qu'un guide d'étude
à distance pourrait proposer des trucs pour la lecture
active, un calendrier de cheminement, des conseils pour gérer
son temps
L'étudiant à distance : quelle image avons-nous
en tête?
Une question importante à se poser quand
on réfléchit aux compétences chez l'apprenant
touche aussi à l'image qu'on a de celui-ci. De quelle
genre de démographie parle-t-on? Parle-t-on de quelqu'un
qui est rendu au niveau post-secondaire et qui est en train
de faire un premier, un deuxième ou un troisième
diplôme? Cela change la donne. Il y a probablement des
réponses à trouver à ces questions de base
et selon le profil de l'étudiant qu'on va vouloir servir
à distance plusieurs moyens s'offrent à nous.
On a trop souvent tendance à prendre comme modèle
un étudiant qui sort du secondaire et qui arrive, pour
la première fois, dans un environnement à distance.
Il faut s'intéresser au bagage avec lequel un étudiant
arrive et cela, on le comprendra, peut varier beaucoup d'une
situation à l'autre. Ce bagage à l'arrivée
devrait servir au développement des contenus et au développement
des services périphériques offerts.
De la diversité
D'un point de vue l'administrateur, on se retrouve
fréquemment en présence de clientèles très
diversifiées. Il s'agit ici autant de profils culturels
et ethniques très différents, que de bilans individuels
d'acquis scolaires et expérientiels. Les étudiants
arrivent avec certaines valeurs, certaines croyances et certaines
attentes par rapport au genre d'enseignement ou de services
qu'ils devraient nécessairement recevoir. Si on sait,
de prime abord, que l'étudiant part avec la perception
que la formation à distance est un type d'enseignement
de second ordre, il faudra en tenir compte dans la façon
de concevoir un programme et dans la façon de concevoir
les cours. En d'autres mots, même si on est souvent sollicité
pour rejoindre le plus de clientèles possibles, il apparaît
préférable de faire de la segmentation et de cibler
les différentes clientèles. Cela va avoir son
importance sur l'appropriation par l'apprenant des facteurs
influençant directement la qualité de ses apprentissages.
L'autre phénomène qui semble important
pour un administrateur et qu'il ne faut surtout pas ignorer,
c'est toute la relation avec l'établissement ou avec
les gens qui représentent l'établissement. On
s'aperçoit que c'est une variable critique et que, selon
le programme ou le cours, il s'agit d'un facteur plus important
encore que le contenu même d'un cours. C'est dans une
large mesure toute la panoplie de services offerts qui va rendre
viable l'apprentissage d'une matière à l'aide
du mode de prestation à distance. Ce que l'on constate
lors d'évaluation avec les étudiants, c'est que
la relation avec le tuteur, avec le professeur, selon le cas,
est encore plus importante que la relation avec le contenu ou
même la relation avec soi. Ce qui est important ici, c'est
de reconnaître le système de valeurs et de croyances,
d'avoir une bonne idée de la démographie et de
faire une bonne segmentation. C'est ainsi qu'il devient possible
de mettre en place les relations nécessaires pour encourager
et soutenir la réussite.
Des compétences à cibler pour
l'étudiant
Compétences en informatiques |
o Pour naviguer sur Internet.
o Pour suivre un cours sur Internet.
o Pour télécharger des logiciels.
|
Compétences en communications écrites
et verbales |
o Pour participer aux activités en ligne.
o Pour produire des messages utiles pour soi et pour les
autres.
|
Compétences en techniques d'organisation du
travail |
o Pour gérer temps et activités.
o Pour concilier vie étudiante, vie professionnelle,
vie familiale et vie sociale
|
Au-delà de ces compétences, pour
que l'étudiant puisse profiter de son apprentissage,
il faudrait aussi pouvoir répondre positivement aux quelques
questions suivantes :
Nous constatons donc que c'est un tout qui contribue
à ce que l'apprenant puisse cheminer correctement. Il
y a bien sûr une certaine quantité de compétences
qui doivent être présentes, mais il y a aussi un
environnement d'apprentissage qui doit être en place pour
que ces compétences puissent être utilisées
au maximum.
Aussi une question d'adaptabilité
Il semble aussi qu'en plus de penser en termes
de compétences et d'autonomie, chez l'étudiant
à distance, il serait intéressant aussi de parler
en termes de capacités d'adaptation aux divers environnements
d'apprentissage. Par cette adaptabilité, l'apprenant
pourra développer une certaine ouverture à apprendre
de façon différente de celle à laquelle
il est habitué. À ce moment là, les chances
de réussites sont probablement plus grandes. Il s'agit
peut être de développer une forme de patience et
de tolérance face à certains obstacles, à
certaines difficultés, que ce soit un pont d'audioconférence
ou de vidéoconférence qui tombe en panne au milieu
d'un cours, ou encore un problème technique d'accès
à un serveur dans les cours en ligne. Ce sont des situations
qui sont parfois vécues, des situations qui ne sont pas
souhaitées mais avec lesquelles il faut composer. C'est
là qu'un savoir agir et un savoir réagir prend
toute son importance.
Et du côté des professeurs et des concepteurs
C'est évident que le rôle du professeur
peut varier d'une institution à une autre. Ceci n'a bien
sûr pas d'effet sur l'importance de son rôle, mais
la variété des tâches dans lesquelles il
devra s'investir supposera une implication très variable
d'un cas à l'autre. Le professeur peut être à
la fois concepteur pédagogique, informaticien, technicien,
responsable de l'encadrement
On comprendra que dans un
tel contexte, les compétences requises pour un professeur
se déploient dans un large éventail. Le professeur,
doit être d'abord et avant tout un spécialiste
du contenu. Il doit maîtriser les concepts de base d'un
bon design pédagogique, connaître les différents
modes d'évaluation possibles. Il doit aussi parfois avoir
la maîtrise de plusieurs technologies, de plusieurs logiciels.
Il faut aussi qu'il connaisse les différents mécanismes
d'encadrement, qu'il soit un bon communicateur et un bon motivateur.
Il doit bien connaître sa clientèle et ses caractéristiques,
comme, par exemple, les caractéristiques de l'étudiant
adulte. Il doit être attentif aux besoins de l'apprenant
et être capable d'offrir des renforcements positifs. Dans
un registre complémentaire, on demande de plus en plus
au professeur d'être capable d'intelligence émotionnelle.
Dans un contexte à distance, cela revêt croit-on
une importance encore plus grande. Enfin, Il doit pouvoir faire
face à de nombreux imprévus. Bref, on lui demande
parfois d'être rien de moins qu'un homme orchestre et
c'est souvent tout un défi d'organisation.
Faut-il faire le pas?
Dans un tel contexte, il apparaît légitime
de se questionner sur l'à-propos d'inviter un professeur,
qui a toujours évolué dans un environnement présentiel,
à faire le pas pour devenir, par « évolution
naturelle » du rôle ou par obligation, un tel homme
orchestre. L'enseignement traditionnel, l'utilisation des technologies
et l'enseignement à distance sont trois tendances liées
par un fil d'Ariane qui indique d'une certaine façon
les routes possibles. Par rapport aux compétences, étant
donné qu'il existe une variété de types
d'éducation à distance, on note que certains professeurs
sont plus à l'aise dans toute la tradition de l'imprimerie,
dans toute la tradition de la correspondance. Ces professeurs
peuvent plus facilement s'investir dans la rédaction
de cours. Certes, ils n'ont pas toujours la compétence
souhaitée pour développer des stratégies
d'apprentissage, puisqu'ils sont plus experts de contenus qu'experts
dans le domaine de l'apprentissage
Afin que les cours
préparés par ces experts en la matière
soient couronnés de succès, il faut probablement
mettre à contribution des ressources aptes à faciliter
l'apprentissage. Ne pas recourir à cette complémentarité
des rôles serait de croire à une pensée
magique qui suppose un succès spontané et naturel
du cours.
La même réflexion ne devrait-elle
pas aussi s'appliquer aux situations qui font appel à
toute une variété de compétences qui ne
se retrouvent pas naturellement dans un même individu?
Et c'est peut-être une question de « générations
», sans égard à l'âge doit-on le préciser.
Pour imager la chose, imaginons une « génération
» qui préfère le journal, une qui écoute
la radio, une autre qui s'intéresse à la télévision
et enfin une autre qui serait la « génération
» du multimédia. Naturellement, dépendamment
de notre propre façon d'apprendre, de la façon
dont on a été socialisé, ou encore en fonction
de notre propre bagage expérientiel, on pourra avoir
une tendance à être meilleur dans un domaine ou
dans un autre. Mais la justification profonde et la question
de sens pour le professeur devrait être le premier moteur
de ses actions. Même le défi de passer de la correspondance
à l'interactivité en est un de taille. Encore
pour prendre une image, comparons la formation par correspondante
à l'église catholique. Il y a quand même
là un pape qui valide les approches et le savoir, il
y a toute une hiérarchie, un processus, une grosse machine
en marche. Si on réussit à passer à travers
le processus, on arrive à la fin avec un produit qui
peut être identifié souvent dès le départ.
Dans un contexte ou l'interactivité est placée
à l'avant-plan, où le multimédia est basé
beaucoup plus sur l'interaction, il y a une relation de pouvoir
qui est complètement différente. C'est une conception
de l'apprentissage qui fait souvent plus de place aux habiletés
et aux compétences des autres qu'à notre propre
compétence. Cette vision du numérique fait donc
appel, dans une large mesure, à d'autres habiletés
que celles que beaucoup de professeurs possèdent en ce
moment. Et ici, on a pas encore commencé à embaucher,
ni même à faire de bons profils de personnes à
l'aise dans un tel environnement. On parle ici d'un domaine
plus ouvert où la relation avec le contenu est beaucoup
plus dynamique, par opposition à une conception plus
statique du savoir. C'est une question sur laquelle il faudra
se pencher pour faire le changement entre l'imprimerie et le
numérique. Quand le phénomène du groupe
est aussi important que la contribution du professeur, on est
en présence de tout un changement de perspective. Il
y a certainement ici de fort bonnes pistes de réflexion.
Des ressources et des moyens
Probablement que la première condition
de réussite pour un passage de la formation traditionnelle
à la formation à distance est que le professeur
impliqué accepte de s'ouvrir à d'autres réalités
et accepte de travailler, quand c'est offert, au sein d'une
équipe pluridisciplinaire. Dans certaines organisations,
il est possible de recourir aux services d'une équipe
de conseillers pédagogiques en formation à distance.
Le professeur demeure le responsable, celui qui aura le dernier
mot quant à son cours. Mais s'il accepte de travailler
avec le soutien de gens qui sont là spécialement
pour lui faciliter la vie, les possibilités deviennent
immenses. S'il accepte de valider des démarches proposées,
de définir avec l'équipe ses objectifs, de développer
des exercices pour chaque unité d'apprentissage, de développer
les corrigés, bref s'il s'engage dans une démarche
de co-construction d'un cours à distance de qualité,
il a alors toutes les chances d'obtenir d'excellents résultats.
Cette ouverture dont il doit faire preuve est très certainement
le principal préalable au développement et à
la réussite d'une formation à distance qui servira
au mieux tous les acteurs impliqués. Et, faut-il le rappeler,
c'est à travers l'expérience de l'étudiant
qu'il sera possible d'évaluer la qualité de ce
qui lui est remis entre les mains. Il faut pouvoir, en tout
temps, pouvoir se mettre à la place de cet étudiant.
D'autres compétences pour le professeur
Sur la question des activités, voici quelques compétences
complémentaires pour le professeur :
Pour compléter le tableau, soulignons l'importance,
pour le professeur, de connaître les avantages et les
limites des différents médias. Cela aura une influence
directe sur le potentiel qu'il pourra retirer de l'utilisation
éclairée de chacun d'eux, tout en lui permettant
de prendre conscience à la fois des délais de
réalisation et de l'importance, pour tous les acteurs,
de respecter les échéanciers individuels.
Parle-t-on vraiment de nouvelles compétences?
Posons nous la question pour savoir si notre propos
d'aujourd'hui touche réellement de nouvelles compétences.
Ne s'agirait-il pas simplement de nouvelles techniques, de nouvelles
pratiques, de nouveaux comportements qui doivent être
ajoutés au répertoire des formateurs et formatrices?
Est-il question de nouvelles compétences , d'un nouveau
paradigme épistémologique de changement majeur
dans les compétences à acquérir, ou bien,
tout simplement, de l'ajout de certains éléments
issus des outils technologiques de médiatisation. Chaque
média, la vidéoconférence ou Internet par
exemple, amène des défis particuliers qui font
certes appel à des compétences spécifiques.
Mais la différence réside-t-elle dans une compétence
vraiment particulière ou plutôt, plus simplement,
dans une connaissance qui elle serait particulière? Ne
fait-on pas appel, dans le fond, aux compétences professionnelles
génériques, habituelles dont on a beaucoup parlé
jusqu'à maintenant? Comment faire de l'évaluation,
comment définir le travail pour ne pas qu'il y ait de
surcharge pour l'apprenant ou l'apprenante, se mettre à
la place de cet apprenant, apprenante, savoir comment faire
de la rétroaction, savoir comment répondre à
temps à des échéances, bref, il semble
que ce soit là des compétences professionnelles
assez génériques. On peut même ajouter à
cela les compétences en technique d'animation de groupes
ou d'animation de discussion. Il est probablement vrai que les
technologies poussent probablement un peu plus loin, agissent
aussi comme un catalyseur de certaines pratiques ou de certains
usages nouveaux, mais dans le fond, parle-t-on de différences
qui touchent l'essence de la communication éducative?
Il faut donc peut-être faire cette distinction entre les
compétences normales, génériques et ce
qui est facilement perçu comme nouvelles compétences.
Il n'en demeure pas moins qu'il faudra toujours être capable,
même et surtout dans un environnement d'apprentissage
médiatisée, d'imposer les questions pédagogiques
en toute connaissance et conscience du contexte particulier
que suppose les technologies.
Les compétences de communications concises,
claires, les capacités de synthèse apparaissent
nécessaires en toutes circonstances. Alors où
se situe réellement la différence? Ceci étant
dit, il est sûrement utile de regarder le besoin, pour
un professeur en FAD, de faire preuve d'imagination, d'empathie
ainsi que d'un sens politique par rapport à ce qui est
innovateur dans la culture de cours à distance, à
l'intérieur d'une compagnie ou d'un établissement.
Qu'en est -il des tuteurs ou des intervenants
responsables du support?
D'entrée de jeu, deux points à souligner
Il faut reconnaître que dans la plupart des cas, le tuteur
est la personne qui représente l'établissement.
Dans ce contexte, il faudrait que chaque établissement
offre un maximum d'appuis et de services à ces professionnels.
Ils font certainement partie des facteurs clés du succès
des étudiants. Il apparaît donc nécessaire
de leur offrir de bons outils, un bon encadrement et il faudrait
aussi commencer à les payer un peu mieux. Il ne faut
pas oublier que c'est par eux que passe la prestation des services
et des « produits » offerts par les maisons d'enseignement
En termes de compétences, le tuteur c'est
bien sûr quelqu'un qui a une bonne connaissance du contenu,
mais surtout une bonne connaissance de ce que ça veut
dire apprendre. Il faut que le tuteur soit aussi capable de
faire le cheminement avec l'étudiant ou l'étudiante,
quel que soit ce cheminement. La capacité d'écoute,
d'empathie et de communication du tuteur fera en sorte que l'étudiant,
l'étudiante aura ou non une bonne relation avec l'établissement.
Même si, de prime abord, on recherche plus facilement
des compétences techniques ou de contenu, il faudra miser
sur un investissement humain majeur pour l'appuyer. C'est la
qualité du cheminement de l'étudiant qui est en
cause ici.
Pour le tuteur
Il faut enfin souligner qu'en ce qui concerne
l'intervention et la communication directes auprès de
l'étudiant, il existe de grandes similitudes entre le
rôle et les responsabilités du tuteur et le rôle
et les responsabilités du professeur qui intervient à
ce même niveau. Il faudra s'intéresser à
la question de la mise en place des supports techniques, administratifs,
etc.. L'infrastructure d'un établissement est absolument
essentielle. Il faudra donc déplacer le débat
concernant les compétences requises par les différents
acteurs pour regarder très attentivement les questions
d'infrastructures, sans lesquelles toutes les belles compétences
du monde ne fonctionneront pas
Piste pour un tutorat amélioré
Le tuteur, c'est la personne clé. C'est
souvent l'unique lien entre l'étudiant et l'institution.
Il agit donc comme guichet unique et il a, de ce fait, un rôle
extrêmement important. Idéalement, le tuteur devrait
pouvoir participer à la conception du cours, contribuer
au design pédagogique. Cela lui permettrait d'avoir une
connaissance en profondeur du cours, ce qui le rendrait capable
de s'investir encore plus auprès de l'étudiant.
Le travail d'encadrement en devient facilité, la rétroaction
sur les travaux s'enrichit et la correction prend alors tout
son sens.
Il peut être aussi fort approprié
d'offrir une formation sur les rôles et responsabilités
du tuteur. Ce type de formation, même de courte durée,
peut permettre d'atteindre plusieurs objectifs à la fois
:
· Former chaque tuteur afin qu'il reparte avec un bagage
uniforme (même s'il est petit ce bagage).
· Rassurer et motiver le tuteur.
· Permettre l'échange entre tuteurs sur leurs
expériences professionnelles.
· Offrir une fenêtre pour poser des questions aux
responsables des cours et des programmes.
· Communiquer l'intention de l'institution de leur apporter
un soutien tangible en cours de route.
Impliquer les acteurs le plus possible en amont d'une formation
Il faut, croit-on, accorder une grande attention
aux personnes qui auront à enseigner à distance
ou à faire de l'accompagnement d'étudiants à
distance. Il faut donc y accorder beaucoup de temps, longtemps
à l'avance, et viser évidemment autant les compétences
techniques que les compétences pédagogiques, surtout
dans un contexte d'utilisation des technologies. Cela est susceptible
d'entraîner des changements positifs d'attitudes et on
sait qu'une approche positive abat souvent bien des barrières
Du côté des apprenants et apprenantes,
certaines pistes de solutions ressortent pour démystifier
et enlever une partie de l'anxiété devant l'utilisation
des technologies. Parmi ces pistes, mentionnons que des appels
personnalisés qui sont fait de trois à quatre
semaines à l'avance donnent souvent d'excellents résultats.
Un contact humain, un contact par la voix qui précédera
un contact à l'écrit, voilà qui permet
de rendre un démarrage de cours beaucoup plus harmonieux.
Une autre façon de contribuer au succès, est de
rendre les environnements d'apprentissage disponibles longtemps
à l'avance. On ne peut pas imaginer à quel point
des personnes qui s'inscrivent à des cours de premier
ou de deuxième cycle souhaitent pouvoir se « promener
» dans l'environnement plusieurs semaines à l'avance.
Il semble qu'il soit plus utile de rendre ces environnements
virtuels disponibles environ un mois à l'avance. Cela
permet aux étudiants d'aller voir à quoi ça
ressemble, de s'habituer à entrer en ligne, d'avoir accès
aux serveurs, de découvrir les fonctionnalités
offertes, bref d'apprivoiser le territoire avant de s'y aventurer
pour vrai. Dans certaines situations cela pourrait même
aller jusqu'à offrir une courte formation pour habiliter
l'étudiant à travailler dans un tel environnement.
Parallèlement à cela, inutile de dire qu'un support
7 jours par semaine et 24 heures par jour, avec réponses
dans un délai acceptable, devrait aussi être disponible
tant pour les étudiants que pour les tuteurs ou professeurs.
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